Enseigner l’impro au secondaire ?
Récemment, un éditorial du journal Les Affaires suggérait aux jeunes de s’inscrire à l’improvisation afin de développer leur « bagout, pour se débrouiller, et réussir, sur le marché de l’emploi. (source)
J’ai commencé à coacher les équipes d’improvisation du Collège Régina Assumpta de Montréal il y a deux ans. Et je peux dire que le bagout n’est que la pointe de l’iceberg. Voici trois autres raisons de pratiquer l’impro au secondaire:
1- Une compétition plus saine
On entendra jamais dans un vestiaire d’impro: « On leur pète la gueule à soir! ». On dit plutôt : « amuse-toi ! » Car sans plaisir, aucun bon résultat n’est possible. Bien sûr, on veut gagner, obtenir davantage de votes, mais pas au détriment de l’autre équipe ou du spectacle. Cette manière de voir la compétition tranche avec ce qu’on voit dans le sport professionnel, la politique ou l’entreprise privée.
2- Droit à l’erreur
Une des choses les plus importantes que j’apprends aux jeunes, c’est de se donner le droit de ne pas réussir. Cette idée radicale contraste avec la société de performance dans laquelle on se trouve. Pourtant, je préfère voir un de mes élèves prendre un risque et échouer, que de le voir reproduire sans cesse la même recette « gagnante ». L’école nous conditionne à éviter les erreurs, alors qu’à l’impro, c’est le contraire. Nous croyons que l’innovation, l’apprentissage et le succès passent par la prise de risque.
3- Assumer
L’impro est un spectacle fragile. Tout repose sur la capacité du joueur à assumer la situation. S’il doute, hésite, décroche, tout s’écroule. Les improvisateurs doivent apprendre à s’investir complètement dans ce qu’ils font. Alors qu’au secondaire on subit d’énormes pressions sociales pour se conformer, nous disons aux improvisateurs: assume. Sois différent, sois unique et ne renie pas qui tu es et ce que tu es en train de faire.
En terminant, je tiens à dire que la photo en tête de l’article c’est mon équipe juvénile qui remportait la première place de leur ligue la semaine dernière. Bien quoi ! Je n’ai pas de chien, pas de chat et pas d’enfant, mais j’ai quand même le droit de mettre mes photos sur le Web moi aussi !