Pour éviter l’appropriation culturelle : le truc de la pièce de théâtre russe
Dans la foulée de SLÀV et du débat passionné qui l’entoure. Je propose humblement une nouvelle manière d’aborder ce genre de questions.
Je vous présente donc le truc de la pièce de théâtre russe :
Il consiste simplement à se demander – « Comment je ferais pour écrire une pièce de théâtre en Russe ?
J’apprendrais le Russe
Il existe des dictionnaires, des sites de traduction et des ouvrages sur la grammaire. Avec tout ça, je me dis que je suis probablement capable d’écrire tout ce que je veux en Russe.
Un francophone, comme moi, va écouter ma pièce et se dire « Ayoye! Ça sonne vraiment Russe ». Toutefois, gageons que si je joue ma pièce en Russie… ils n’y comprendront rien. La langue a une tonne de subtilité qui m’échappent, même si j’ai lu tous les livres sur le sujet.
Je consulterais des Russes.
Ça tombe bien, mon voisin vient justement de Russie ! Il m’aide à corriger mon texte et à le peaufiner. Il va même plus loin et ajoute certains éléments culturels que je ne connaissais pas. Grâce à lui, j’ai maintenant une pièce de théâtre en Russe. Super !
Je monte alors sur scène, mais les spectateurs russes ont l’air perplexes. Bien quoi ? Je suis bel et bien en train de leur jouer une pièce de théâtre dans leur langue. Qu’est-ce qu’ils ont à ne pas comprendre ?
C’est vrai, qu’avec mon accent d’Elvis Gratton, ils ne captent peut-être pas toute la sensibilité que j’ai mis dans ma pièce. Mon texte est Russe, mais pas moi.
J’engagerais des Russes dans mon projet.
Je recommence le processus et je fais rejouer le même texte par un comédien russe. Cette fois, ça marche beaucoup mieux.
Voilà !
Maintenant, on va se le dire, une culture c’est au moins aussi complexe qu’une langue. En fait, ça l’est probablement beaucoup plus. Alors, imaginons que je m’attaque, avec la même bonne volonté, à un sujet comme l’esclavagisme ou les pensionnats autochtones. Mes chances d’être maladroit, de manquer de sensibilité ou d’être carrément insultant sont énormes. Pas parce que je suis mal intentionné ou que mon regard artistique n’est pas valable, mais simplement parce que ce n’est pas dans ma (langue) culture d’origine.
Ce qui m’amène à la grosse question que tout le monde se pose : en tant que blanc occidental puis-je écrire sur tous les sujets ? Je crois personnellement que oui ! Mais je dois le faire de la même manière que si je voulais écrire une pièce de théâtre en Russe !