Sophielit a lu mon livre!

C’est un honneur pour moi de lire la critique de Sophielit, une véritable référence en matière de littérature jeunesse au Québec. Encore mieux, elle a visiblement apprécié!

« Vous n’êtes pas prêt.e.s. Voici ce que je me suis dit en refermant ce roman pour le moins ébouriffant qui m’a divertie, oui, qui m’a fait rire, oh oui, et qui m’a parfois laissée un peu perplexe ! Il faut dire que l’imagination d’Alexandre Gauthier semble être prolifique et qu’il a saupoudré ce premier roman pour ados d’une foule d’idées, oubliant par moment de laisser le temps à ses lecteur.trice.s de respirer. »

Cette dernière phrase incarne exactement ce que j’ai voulu faire. Un roman rythmé où l’action et les blagues s’enchaînent juste un peu trop vite. Je voulais que chaque page, chaque paragraphe ait une idée surprenante. Tu lis 10 minutes avant de te coucher ou en allant aux toilettes? Eh bien, je veux profiter de ce court moment pour te faire rire… et pleurer, et idéalement re-rire encore.

Voici le lien pour la critique complète:

http://sophielit.ca/critique.php?id=2832&fbclid=IwAR1aatJUer-iqpwBDkydCxO8BidSipctOx93m_4-srk62ss6ypNs3vRIka0

Est-ce que Audrey est revenue est une comédie?

Récemment, j’ai été impliqué dans un débat à savoir si la série « Audrey est revenue » était une comédie. Certaines personnes croyaient que non puisqu’elle a une prémisse plutôt dramatique et qu’on ne rit pas aux sept secondes en l’écoutant. Pourtant, de mon côté, je crois que c’est la comédie de l’année. Qui a raison, qui a tord? Si seulement Anne-France Goldwater animait encore L’arbitre, on aurait pu trancher la question une fois pour toute!

J’ai l’impression que la confusion vient du fait que la comédie est un spectre. Voici d’ailleurs le spectre de la comédie:

Okay okay, j’arrête mes mauvaises blagues.

SPECTRE DE LA COMÉDIE

SITCOM: Traditionnellement, ce sont des épisodes tournées en studio devant public : La petite vie, Kilomètre heure, Histoires de filles. Chaque personnage incarne un archétype et il évolue très peu au fils des saisons. Par exemple, Homer Simpson est toujours aussi con à la saison 33 qu’à la première (oui oui, ils sont vraiment rendu à 33!).

ET SITCOM 2.0 : Le sitcom est en évolution. Aujourd’hui, il n’y a souvent plus de rire en canne ni de public. Les personnages ont même certains éléments de courbe dramatique : une proposition en mariage, une nouvelle blonde, une perte d’emploi. Ce sont des éléments qui font évoluer la situation des personnages, mais très rarement leur nature. Le personnage reste donc le même, mais avec un nouvel emploi ou une nouvelle blonde.

Exemples de sitcom : Discussion avec mes parents, Contre-offre, Survivre à ses enfants, Entre deux draps, Escouade 99

COMÉDIE FRANCHE: Ce sont des comédies dont la fonction première est clairement le rire. Par contre, les personnages ont un peu plus de profondeur. Les situations auxquelles ils sont confrontées les font même évoluer au fil des saisons.

Exemples comédies franches: Sans rendez-vous, L’oeil du Cyclone, La maison bleue, Le bonheur

COMÉDIE DRAMATIQUE: On sourit souvent, on rit même quelques, mais on l’écoute surtout pour connaître l’histoire. On veut savoir ce qui va arriver aux personnages. À chaque épisode, ils évoluent et leur histoire avance. Le ton est souvent plus « réaliste » qu’en sitcom ou en comédie franche. Ce sont des histoires un peu plus costaudes avec des intrigues plus complexes.

Exemples de comédies dramatiques : Les mecs, Léo, La confrérie, Moi non plus

DRAMÉDIE: On y suit d’abord une histoire avec des enjeux dramatiques forts. Contrairement au drame, les épisodes sont allégés ou ponctués de quelques moments d’humour. Vous l’aurez peut-être deviné, mais c’est vraiment CE genre qui suscite le plus souvent la confusion: « Coudonc, c’est tu vraiment une comédie? ». À mon sens, c’est ce qui en fait un des genre les plus intéressants parmi ce qui se fait au Québec présentement. Ce sont des comédies qui brouillent les codes, qui font preuve d’audace et qui ont généralement un fort sens du storytelling.

En voici trois exemples particulièrement intéressants:

Exemple 1 : Audrey est revenue

C’est l’histoire touchante d’une jeune fille qui se réveille après plusieurs années dans le coma. Cela provoque un choc pour sa famille qui doit l’accompagner dans sa reconstruction. La réalisation, l’interprétation et la musique (de Alexandra Strélinski) y sont extrêmement touchantes. La grande habileté de cette série, c’est de saupoudrer les dialogues d’un humour fin. Et il y a aussi des blagues claires qui viennent punchées certains moments clés. À mon sens, cette série incarne très bien toute la beauté et la drôlerie d’une dramédie.

Exemple 2 : C’est comme ça que je t’aime

Contrairement aux comédies traditionnelle en format 30min, cette série se déploie en épisodes de 60min. Ça raconte l’histoire de banlieusards de Québec qui basculent dans le crime organisé en devenant les « caïds de Ste-Foye ». On est très loin d’une ligne un punch dans l’humour et il y a plein de meurtres et de cocaïne. Pourtant, à mon sens, c’est une des séries les plus drôles diffusé présentement. Chaque ligne de dialogue est mémorable et les épisodes nous amènent toujours là où on ne s’y attend pas.

Exemple 3: M’entends-tu

On plonge ici dans l’univers trash d’un quartier dur et des conséquences de la pauvreté sur ceux qui l’habitent. Malgré cette prémisse dramatique, la série compte plusieurs moments lumineux et même des scènes très drôles. La saison 2, qui est probablement ma préférée, est particulièrement intense alors qu’un des personnages est victime de violence conjugale pas son chum pas fin, Kevin. Anecdote, j’ai déjà croisé ce comédien sur la rue et je lui ai décoché un regard voulant dire « lâche Carolanne maudit pourri », comme quoi je ne suis pas mieux que ceux qui apportaient des poches de linge pour Donalda au pied de la tour de Radio-Canada à l’époque des Belles histoires des pays d’en haut. Malgré tout ce drama, ça n’a pas empêché M’entends-tu de remporter le prix Gémeau de la meilleure série COMÉDIE et aussi le prix meilleur COMÉDIE lors du festival Série Mania.

Bref, tout ça pour dire que la prochaine fois qu’on vous dira qu’une série n’est pas une comédie, gardez bien en tête l’image de ce spectre:

Mon livre Gros ninja – de quoi ça parle vraiment?

Paraît qu’un truc pour savoir ce que tu veux faire dans la vie, c’est de te rappeler ce que tu rêvais d’être quand tu étais enfant. Je ne me souviens plus qui m’avait partagé ce truc, mais moi, la chose que je voulais devenir en grandissant c’était : un ninja. Eh oui, j’ai grandi avec les Tortues ninjas et plein d’autres films d’arts martiaux. Finalement, je suis plutôt devenu auteur. Et c’est à mon personnage de Francis que je vais faire vivre cette aventure. Gros ninja c’est un livre destiné aux jeunes à partir de 10 ans publié aux Éditions de la Bagnole. C’est un genre de Karaté kid avec des blagues. Mais, au-delà de ça, ça aborde aussi des sujets que je trouve importants.

1- Je veux challenger notre modèle de la masculinité

Nous sommes plusieurs, comme Francis, à avoir grandi avec des figures masculines comme Rambo et Vin Diesel. D’ailleurs, mon personnage de Jean-Marc était cette figure masculine idéale dans les années 90… Il est aujourd’hui vieux, grincheux et en chaise roulante. Il habite un bungalow où la seule personne qui vient le visiter est la jeune livreuse de la pharmacie (Jasmine).

Avec mon histoire, je m’attaque à un des plus grands mythes de la masculinité : celui du self made man. Comme quand Rambo 2 part se battre tout seul contre l’armée nord-vietnamienne. Ce mythe qui prétend que ce qui serait « viril », ce serait d’être capable de s’arranger tout seul dans la vie. T’as un problème? Deal avec. Tu ne vas pas bien? Ravale tout ça et ne demande surtout pas d’aide.

C’est exactement pour cette raison que Francis veut devenir ninja. Pour se défendre et avoir la force de régler tous ses problèmes lui-même. Mais, ce qu’il va découvrir en chemin, c’est que ce qui le rend plus fort ce ne sont pas ses entraînements de ninja, mais les liens qu’il développe avec les autres en les faisant.

Être « viril » ce n’est pas de savoir survivre tout seul dans le bois avec un canif et une canisse de gaz (quoique, dit comme ça, c’est quand même assez badass!). Ça signifie plutôt de prendre soin des autres, d’accepter ses vulnérabilités, ses limites et qu’on a besoin des autres dans la vie. Être viril, c’est avouer à ses amis qu’on ne va pas bien, c’est aider une vieille personne à traverser la rue, c’est briser le silence quand on voit une personne se faire intimider.

2- Je veux aussi me réapproprier le mot « gros »

Mon éditrice m’a demandé si je tenais vraiment à appeler mon roman « gros ninja ». Pourrait-on se faire accuser de grossophobie? Ce titre est important pour moi. Et je suis d’ailleurs très content qu’elle m’ait fait confiance.

Gros ninja, c’est un oxymore. Deux mots qui ne se peuvent pas ensemble, comme « sombre lumière » ou « party de comptables ». Ça capte l’attention, ça crée de l’anticipation et, pour tout dire, ça me fait sourire. Dès qu’on lit ce titre, on sait qu’on va s’amuser.

Je trouve aussi que ça me représente bien. J’ai toujours rêvé d’être un ninja badass malgré ma bedaine et mes grosses fesses. En grandissant, je n’ai jamais eu de héros qui me ressemblait physiquement. Les seuls personnages avec des surplus de poids étaient des idiots ou des incompétents (ou des humoristes des années 90 dans les galas Juste pour rire, merci pour ça les boys #diversité).

Mon héros est enrobé. Ça ne l’empêche pas de faire des arts martiaux, de plaire à certaines filles et d’avoir des amis. Ce n’est pas un handicap. Il est juste un peu plus gros que les autres. Son corps est fait comme ça. Il ne cherche pas à maigrir. Il n’est pas une patate de divan non plus. C’est un ado bien normal, sauf qu’il magasine dans la section « L » du rack à t-shirt.

3- Donner envie de lire aux jeunes

J’ai écrit le livre que j’aurais aimé lire à 12 ans. Un livre qui ne se prend pas au sérieux, avec de l’humour et des scènes d’action. J’y ai d’ailleurs mis un chapitre « dont vous êtes le héros ». Juste comme ça. Tu tournes la page et pouf, te voilà aux commandes l’histoire. Quand j’étais jeune, j’adorais ce type de livre. Une enseignante m’avait d’ailleurs déjà confisqué mon livre car elle jugeait que ce n’était pas de la « vraie » littérature. À quelques reprises dans mon roman, je m’amuse à briser les codes, j’interpelle le lecteur directement, je brise le quatrième mur. Est-ce c’est de la vraie littérature, ça, madame Johanne? Peu m’importe, tant que ça touche le lecteur. Que ça l’embarque dans le récit et qu’il a le goût de tourner la page pour connaître la suite. J’ai écrit chaque mot et chaque paragraphe pour convaincre un jeune qui ne tripe pas nécessairement sur les livres que lire ça peut être cool. Qu’on peut s’évader, déconner, rire et décrocher quand on a entre les mains la bonne histoire.

Bon, tout ça, c’est le propos de fond. Toutefois, mon idée n’est pas de faire la morale. C’est avant tout un roman qu’on lit pour se divertir, dont on tourne les pages en souriant et où on veut savoir où les intrigues vont mener nos personnages.

Pour commander Gros ninja :

Est-ce que l’intelligence artificielle va remplacer les scénaristes?

En tant qu’auteurs, on imagine depuis très longtemps des univers où des robots intelligents détruisent le monde. Mais, a-t-on envisagé la possibilité qu’ils volent simplement nos jobs (et qu’ils écrivent eux-mêmes leurs propres histoires de robots intelligents qui détruisent le monde)?

Quand j’ai fait une formation de UCLA il y a quelques années, une de nos profs avait dit que, selon elle, une des compétences les plus sous-estimées chez les scénaristes c’était le « patern recognition ». Selon elle, comme nos histoires ont généralement des structures similaires, un bon auteur se devait d’être capable de repérer, reproduire ou modifier rapidement les paterns de son histoire. Mauvaise nouvelle pour nous, c’est précisément dans ce domaine que l’intelligence artificielle est la plus performante!

Une IA aurait pu voler ma première job

Comme bien des scénaristes, j’ai commencé par écrire de petits segments pour des émissions jeunesse. Des capsules sur les dinosaures, les volcans, les fusées, les samouraïs… Eh bien, sur le web (pour genre 20$ par mois), il existe déjà des applications qui font exactement ça. On leur donne un ou deux articles sur un sujet et elles remâchent l’information elles-même. Ce qui me prenait une journée de travail… peut maintenant être fait en quelques clics. Évidemment, un auteur devrait quand même réviser le contenu et ajouter un brin d’humour. Avec cet outil, j’aurais pu écrire quatre capsules par jour au lieu d’une. À ma connaissance, ce ne sont pas encore des technologies qui sont utilisées en télé au Québec, mais qui sait?

Une IA peut-elle écrire des scénarios?

Pas encore. C’est la réponse la plus simple à cette question. Certaines IA ont été entraîné à créer des scénarios, mais disons que leurs résultats ne sont pas encore au point. Comme dans cet exemple de « film de Noël » rédigé par un robot.

Oui, le résultat est ridicule et l’histoire est sans queue ni tête. Par contre, on sent qu’il y a quand même une structure narrative. L’histoire a un début (absurde), un milieu (absurde) et une fin (absurde). Ça prendra probablement encore bien du temps avant d’avoir une IA capable de reproduire des dialogues qui sonnent naturel. Et, encore plus de temps, avant qu’elle soit capable de générer des scènes avec du sous-texte et des non-dits, des éléments essentiels à un bon scénario. Hourra! Ça veut dire qu’il nous reste, à tous, de belles années à avoir le privilège d’angoisser devant une v3 de scène-à-scène avant que les robots nous volent nos jobs!

L’IA pourrait aussi nous aider à écrire des scénarios

Personnellement, j’ai déjà hâte d’utiliser l’intelligence artificielle dans mon métier. Le plus plausible, c’est que des outils seront développer pour nous donner un coup de main. De la même manière qu’Antidote n’écrit pas des chefs d’oeuvres à notre place, les outils de l’IA ne feront pas le travail pour nous, mais ils pourraient nous faire sauver bien du temps. Au moment d’écrire cet article, rien de tout cela n’existe encore (à ce que je sache). Mais, comptez sur moi pour être votre premier client si vous les inventer:

  • Un générateur de structure en trois actes : Tous nos épisodes suivent plus ou moins le même patern en trois actes avec un élément déclencheur, des pivots et un climax. On pourrait certainement avoir un outil dans lequel on entrerait nos personnages et certains éléments d’information et, en un clique, l’IA nous proposerait une structure d’épisode. Évidemment, ce serait sur le rough et il faudrait peaufiner. L’IA ne trouvera pas des idées originales et surprenantes à notre place, mais elle pourrait nous aider à les organiser, par contre.
  • Un outil de dépouillement automatique: Je prendrais bien un outil capable d’estimer le coût de production de mon scénario. Lors des réécritures, je saurais exactement combien la production économise ou dépense selon les changements que j’apporte. Mieux encore, l’outil pourrait lui-même proposer certaines modifications comme de remplacer un lieu unique par un autre ou de combiner deux troisième rôle dans un seul.
  • Une application qui lit ton scénario à voix haute : Il existe déjà plusieurs outils très efficaces de lecture vocale. On pourrait attribuer une voix différente à chaque personnage. Il existe même des application « deep fake » qui imitent la voix et le delivery d’acteurs connus. Ces voix pourraient même (éventuellement) reconnaître les indications de jeu qu’on place dans nos scénarios et s’y adapter. Dans la version premium de cette application, on pourrait même ajouter des indications musicales et d’effets sonores pour enrichir l’expérience. En quelques clics, il nous serait donc possible d’entendre notre scène. Encore une fois, ça n’écrira pas de bons dialogues à notre place, mais ça pourrait nous aider… ou simplement être une source de procrastination supplémentaire, ça reste à voir.