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La CLASSE devrait-elle dénoncer Jésus ?

Il n’est pas possible de s’assoir à une table de négociation avec un groupe qui ne dénonce pas la perturbation et la désobéissance civile : « c’est à dire la désobéissance aux lois » affirme Line Beauchamp en point de presse aujourd’hui.

La ministre voudrait donc que les associations étudiantes dénoncent aussi la désobéissance civile en plus de la violence. Comme l’explique Gabriel Nadeau Dubois, porte parole de la CLASSE, sur twitter : « la désobéissance civile, c’est ce que pratiquait les Suffragettes, Rosa Parks, Gandhi et Martin Luther King ». Est-ce que ces luttes sont condamnables selon la ministre ? Aurait-elle refusé de négocier avec Gandhi si celui-ci n’avait pas accepté de condamner la grande marche du sel ?

Si on pousse cette logique plus loin, Line Beauchamp demanderait-elle au Pape de condamner Jésus ? Celui-ci a pourtant pris part à une action, que la ministre aurait jugé violente, de perturbation économique lorsqu’il jète les marchands hors du temple. Il faut ajouter que Jésus refusa de se plier aux injonctions de la loi, ce qui lui a valu d’être jugé et condamné. La CLASSE, pour plaire à la ministre Beauchamp, devrait-elle condamner les comportements de Jésus ?

Ce qui semble déranger la ministre c’est le rapport de force qui a été créé par le mouvement étudiant. C’est d’ailleurs uniquement grâce à ce rapport de force qu’elle invite aujourd’hui les associations étudiantes à négocier. Et c’est ce même rapport de force que la ministre voudrait voir les leaders des associations étudiantes condamner ?!

Contrairement à Pierre dans la bible, espérons que le mouvement étudiant ne se reniera pas lui-même et qu’il sera en mesure de maintenir sa mobilisation, seul gage d’une négociation qu’on espère fructueuse.

 

Mon banquier est contre la grève

Rien à faire, il est farouchement contre la grève !

J’ai eu beau lui expliquer que la hausse des frais de scolarité va endetter davantage les familles de la classe moyenne et empêcher des jeunes talentueux de poursuivre leurs études, rien à faire il est pour la hausse.

Je lui ai fait valoir que les diplômés paieront des impôts tout au long de leur vie et qu’ils rembourseront ainsi l’éducation et l’ensemble des services publiques; Ça ne l’a pas ému.

Comme il travaille en finance, je lui ai parlé de la mauvaise gestion des fonds par les universités. Il a hoché de la tête un petit peu, mais il a gardé son carré vert.

En fait, derrière sa moustache de banquier, je le vois lécher ses babines. Il croit que si la hausse des frais de scolarité est adoptée, le gouvernement augmentera les prêts et bourses et c’est pour ça qu’il salive.

Si la hausse a lieu, il va pouvoir prêter beaucoup plus d’argent aux étudiants via le programme de l’aide financière aux études. Toutes ces sommes sont garanties par le gouvernement, donc si l’étudiant ne paie pas ses dettes, l’État s’engage à le faire: mon banquier ne cours aucun risque.

Aucun risque, mais il empoche gros avec les intérêts payés par les étudiants : 2 milliards de $ en 2003, selon un document de la conférence des recteurs (CRÉPUQ). Et cela ne comptabilise même pas les intérêts supplémentaires provenant des marges de crédit que les étudiants contractent directement auprès des institutions.

Mon banquier est pour la hausse des frais de scolarité et encourage les étudiants à poursuivre leurs sessions en arrêtant leur grève. Payer la hausse c’est faire sa juste part, prendre ses responsabilités, qu’il répète.

Au fond, je crois qu’il est nerveux: la grève de 2005 lui a déjà fait perdre suffisamment d’argent…

 

Alexandre Gauthier

 

À qui profite la hausse des frais de scolarité ?

Publié au Nouvelliste le 13 décembre 2010

Une hausse des frais de scolarité n’aurait pas d’effet sur l’accessibilité aux études, dans la mesure où elle s’accompagnerait d’une bonification des prêts et bourses.

Cette idée est insidieuse, car elle cache les intérêts de ceux qui en font la promotion. Une augmentation des frais de scolarité et du régime de l’Aide financières aux études (AFE) profiterait d’abord aux banques et aux institutions financières.

Le système de l’AFE est principalement constitué de prêts. Ces prêts proviennent d’institutions financières. Le gouvernement, quant à lui, garantit les sommes que ces institutions prêtent aux étudiants via le programme.

Si l’étudiant ne rembourse pas son prêt, le gouvernement s’engage à le faire. Les institutions financières ne courent donc aucun risque et elles empochent beaucoup d’argent en intérêts.

Ces intérêts, selon un document de la conférence des recteurs (CRÉPUQ), se chiffraient à près de 2 milliards $ par année en 2003.

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