Bien joué! Un magazine pour ados sur les jeux vidéos à Télé-Québec

Les jeux vidéo attirent de plus en plus de jeunes qui y consacrent de plus en plus de temps. Pourtant, nos médias n’en parlent pratiquement jamais. Si nous voulons intéresser les ados à la télé québécoise, elle doit embrasser ce qui les passionne. C’est pourquoi j’ai développé Bien joué! avec l’équipe d’URBANIA, un magazine intelligent et drôle qui nous plonge dans l’univers des jeux vidéos. 🎮🎮🎮

Le Canada est le pays où le jeu vidéo est le plus populaire par nombre d’habitants au monde (devant la Corée du Sud et le Japon). En effet, 61% des Canadiens se considèrent comme des « joueurs ». De plus, le Québec est le 5e plus grand producteur de jeux vidéo AU MONDE! Plus de 240 studios employant 17 000 personnes créent des jeux qui ont du succès partout sur la planète. 

Dans chaque épisode, notre animateur (Jean-Philippe Baril Guérard, un mordu de jeux vidéo) teste des jeux avec ses invités: Stéphanie Harvey, Yannick de Martino, Mathieu Pellerin, Kevin Raphaël et plusieurs autres. Ils les décortiquent et critiquent les jeux les plus populaires du moment ET nous en font découvrir de nouveaux.

Les jeux vidéo sont considérés comme 10 e art, pourtant, contrairement à la littérature, la musique, le cinéma, les arts visuels, aucune ressource (ni à l’école ni à la télé) ne guide les jeunes dans leurs choix. C’est dans cet esprit qu’URBANIA propose un magazine culturel qui aborde les jeux vidéo de la même façon qu’il existe déjà des émissions à vocation culturelle qui font découvrir la littérature, le
théâtre, la musique et l’art visuel, nous croyons qu’il est grand temps de s’attaquer au 10 e art!

Pour intéresser les ados québécois à notre télé, on a choisi de leur parler avec intelligence d’un sujet qui occupe une grande place dans leur vie.

Ça vise particulièrement les 13-17 ans, mais ça va certainement plaire à beaucoup d’adultes. Disons que c’est le Monsieur Net de la nouvelle génération 😎

Arrêtez d’écrire des cahiers de pitch!

Comme scénariste, on m’a enseigné à créer de magnifiques documents de présentation détaillant mon concept, mes personnages et ma courbe dramatique. On m’a raconté que c’est grâce à ce cahier que je pourrais vendre mon projet et avoir une carrière. C’est faux! En tout cas, pas tout à fait vrai.

Je travaille maintenant comme producteur au développement des fictions chez URBANIA. C’est donc moi qui reçoit les projets que les auteurs nous envoient. Il y en a des bons, des moins bons (et des vraiment weirds). Quand j’ai commencé, j’étais constamment à la recherche de la « meilleure idée ». Mais, je vous annonce que ma vision a changé.

J’en suis arrivé à ce constat : ce ne sont pas les bonnes idées qui manquent, mais les scénaristes capables de les exécuter.

Beaucoup de gens auraient pu avoir l’idée de The Office ou de Friends… mais combien auraient pu écrire des séries avec autant de succès? Ce que je veux dire, c’est que « l’idée » n’est peut-être pas aussi précieuse qu’on le croit. Une bonne idée c’est un bon point de départ. C’est tout. Demain matin, je peux avoir « l’idée » de créer un restaurant gastronomique ou de courir le 100 mètres en moins de 10 secondes… Réussir à le faire, c’est une toute autre histoire.

Laissez-moi vous confier une anecdote. En début de carrière, j’ai eu une bonne idée. J’ai convaincu un producteur et un diffuseur de me payer pour l’écrire. Je vivais le rêve! Mais, ça c’est vite transformé en cauchemar quand j’ai ouvert mon Final Draft. Disons seulement que mes textes n’étaient pas à la hauteur de mon idée. C’était extrêmement frustrant. Je savais ce que je devais faire, mais j’étais incapable de le transposer sur papier. Au lieu d’écrire un cahier de pitch, j’aurais mieux fait d’essayer d’écrire le premier épisode par moi-même. Ça m’aurait permis de réaliser que je n’étais pas encore assez solide comme auteur pour écrire mon idée au lieu de me planter devant tout le monde.

Avec l’expérience, j’en arrive donc à cette conclusion: mieux vaut investir son temps dans la rédaction d’un premier épisode plutôt que dans un cahier de pitch. Ce ne sera pas un gros deuil car, soyons honnêtes, personne n’aime écrire des documents de pitch de toute façon! Et, je soupçonne fortement que personne n’aime vraiment les lire non plus.

Pourquoi je crois qu’il vaut mieux écrire un premier épisode:

1- C’est plus le fun. Ça permet de donner une voix à ses personnages, à les mettre en action et à les plonger dans leurs premières intrigues. Quoi de plus plate que de décrire le « ton » dans un document de présentation… alors qu’on le voit immédiatement dans un épisode. 

2- Bâtir un portfolio. Imaginons que deux auteurs sont appelés en entrevue pour joindre un pool. L’auteur « A » a rédigé quatre cahiers de présentation qui ne se sont jamais vendus. L’auteur « B », est identique en tout point à l’auteur A, sauf qu’il a choisi de rédiger un épisode démo pour chacun de ses quatre projets (au lieu de faire des cahiers de pitch). Si ses épisodes sont bons, il y a fort à parier que c’est l’auteur B qui décrochera le poste. Même si ses projets n’ont pas trouvé preneur, il s’est bâtit un portfolio qui démontre ses capacités. D’un point de vu stratégique, il serait donc plus efficace pour un auteur d’écrire des épisodes plutôt que des documents de présentation.

3- Gagner de l’expérience. Toutes les heures passées à écrire des cahiers de présentation sont des heures qui ne sont pas investis dans ce qui compte vraiment : devenir un meilleur scénariste. Dans le système actuel, certaines personnes deviennent d’excellents rédacteurs de cahier de pitch… mais manquent d’expérience en écriture de scénario (exactement comme moi dans mon histoire plus haut). En écrivant des scénarios plutôt que des cahiers de pitch, on devient donc meilleur à la chose qui compte vraiment : écrire de bons épisodes.

En tant que producteur, j’ai 100x plus de chance de prendre une option sur un bon scénario que sur un cahier de pitch. Ça me permet de saisir le ton, le style, le rythme et les capacités de l’auteur. L’épisode n’a pas besoin d’être parfait (on va le retravailler par la suite), mais il doit être engageant, donner le goût de tourner les pages et de se rendre jusqu’à la fin.

J’en profite d’ailleurs pour faire une promesse: si un auteur m’envoie un excellent épisode dialogué à alexandre.gauthier@urbania.ca, je prends immédiatement une option dessus ET je rédige moi-même son document de présentation pour qu’on aille le pitcher ensemble!

Tout ça pour dire qu’à partir de maintenant, je ne cherche plus les « meilleures idées », je cherche les auteurs capables de les écrire!

La fois où je me suis pris pour un digital nomad

J’ai succombé à la tentation d’aller travailler sous les cocotiers. J’avais coeur remplit de belles promesses… et, surtout, d’importants deadlines qui tombaient durant mes vacances.

J’ai donc pris mes deux semaines de congé, MAIS je suis parti pour trois semaines au Mexique. Si c’est pas du génie ça! Je pourrai donc travailler tout en voyageant. Le meilleur des deux monde… que je me suis dit.

Voici ma réponse à la fameuse question: « Pis, c’est-tu le fun amener ton ordi de job dans un pays chaud? »

  • Internet: Le réseau est aussi rare et awkward qu’un sourire de Mark Zuckerberg. On a judicieusement choisi nos hébergements pour qu’ils aient une « bonne » connection Wi-Fi. Disons que le réseau est assez bon pour répondre à mes courriels ou rassurer ma mère que je ne me suis pas fait kidnapper par un cartel. Mais, il est trop mauvais pour faire des zoom. Je sors justement d’une rencontre où j’ai dû fermé ma caméra et où mes (très patientes) collègues devaient décoder ma voix robotique saccadée. J’ai aussi dû attendre environ une heure à côté de mon ordinateur pour envoyer trois pièces jointes tantôt (en touchant le pad de mon clavier aux 2 minutes pour éviter qu’il se mette en veille). Y’a aussi des fois où Internet fonctionne juste pas. La propriétaire de l’habitation me dit que « c’est normal » avec la nonchalance d’une fille qui n’a jamais eu à recevoir un feedback de son diffuseur sur son épisode!
  • La motivation: C’est définitivement le facteur que j’avais le plus sous-estimé. Il faut être fait fort en maudit pour rester enfermé pendant que tout le monde s’en va à la plage. C’est fou comme on relativise rapidement les problèmes de structure dramatique quand on peut aller faire du snorkling à la place. En gros, je me sens comme un cancre qui a poché ses maths et qui doit les refaire durant l’été.
  • L’espace de travail: Je me voyais travailler les pieds dans le sable… mais il n’y a aucun Internet au bord de l’eau. Il n’y a même pas de Wi-Fi dans les restos et les cafés. Je travaille donc de ma petite maison. En d’autres mots, je dors, je mange, je travaille et (j’essaye) d’écouter des séries sur Netflix Mexico, toujours dans la même pièce. À la longue, ça pèse sur le moral de se sentir infuser les fesses dans son matelas!
  • Le décalage horaire: Je n’ai qu’une heure de décalage avec le Québec (Dieu merci!). C’est un facteur que je n’avais pas du tout considéré. Pour une réunion à 9h… je me branche à 8h. Mais, si j’avais eu trois heures de décalage, j’aurais dû fermer mon micro pour ne pas qu’on entende les coqs chantés.

LE bon côté, c’est que ça permet d’avoir du recul. Pendant que mon courriel prend une éternité à s’envoyer, j’ai le temps de philosopher sur mon sort. Je suis chanceux, j’adore tout ce que je fais dans la vie. Toutefois, je réalise que je roule à toute vitesse vers un mur (assez lointain, mais un mur quand même) en me culpabilisant de ne pas être capable de peser plus fort sur la pédale de gaz.

L’Internet à chier, les poissons qui me narguent et le désintérêt total de tout le monde ici pour mes projets (j’ai tenté d’expliquer à un touriste qui voulait que je le prenne en photo que j’avais été nominé aux Gémeaux et il s’en foutait)… ont peut-être quelque chose à m’enseigner.

En amenant mon ordi en vacances, je me voyais aussi chill que les gars en slackline sur le Mont-Royal. Mais non! Je suis plutôt le cancre qui s’est pris trop au sérieux et qui avait besoin de reprendre son cours de « lâcher prise » durant l’été.

J’ai réalisé la nouvelle saison des Pires moments de l’histoire

Je vous propose une incursion dans les coulisses du balado Les pires moments de l’histoire. J’ai eu la chance de réaliser la 5e saison. Laissez-moi vous dire, ce n’est pas pour rien que Charles Beauchesne et son équipe ont remporté l’Olivier du meilleur podcast scripté en 2021 ET en 2022. En comprenant tout le travail derrière chacun de leurs épisodes, je suis convaincu que vous pourrez encore mieux les apprécier. En d’autres mots, mon article est l’équivalent d’aller faire une visite de vignoble pour comprendre comment le vin est fabriqué… avant d’aller se paqueter dans l’espace dégustation.

La préparation

Les textes et la recherche sont faits par Charles Beauchesne et ses deux complices : Odrée Rousseau et François De Grandpré. Assez tôt dans l’année, ils se séparent les sujets d’épisode. Ils passent ensuite un nombre incalculable d’heures à faire de la recherche, à errer dans les méandres de Wikipédia, à écouter des documentaires et à consulter des experts. Chacun rédige une v1 de son texte à partir des informations qu’il a recueillies. Ensuite, ils mettent leur travail en commun et chacun bonifie les textes des autres. Charles lit même certains passages à voix haute pour s’assurer que les textes fonctionnent bien à l’oral. C’est ce travail de ping-pong qu’ils font entre eux qui donne des textes aussi efficaces tant du point de vue comique que de celui de la vulgarisation historique.

Les textes sont ensuite relus par le réalisateur (dans ce cas-ci, moi) et par d’autres intervenants. Par exemple, pour la 5e saison, nous avons sollicité les commentaires de Barbara Judith Caron, la réalisatrice des quatre premières saisons. Il s’agit d’une dernière étape de polissage et d’édition avant l’enregistrement.

L’enregistrement

On va se le dire, Charles Beauchesne est une machine de narration. Une grande partie de ce que vous entendez dans le balado a été enregistrée tel quel en une seule prise… et parfois même d’un seul souffle. Évidemment, on resserre certains passages au montage, mais beaucoup moins que je ne l’aurais cru! Charles livre ses textes pas mal de la même manière que vous les entendez. Tellement, qu’en l’écoutant faire, j’avais parfois l’impression d’écouter un épisode « live » des Pires moments.

Chaque épisode est enregistré en studio en une demi-journée. Charles fait ses narrations et les voix de tous les personnages qu’on entend dans les « act out » comiques. D’ailleurs, quand un personnage revient plus loin dans un épisode, Charles doit se souvenir de la voix qu’il lui a donné parce qu’on enregistre chronologiquement. Ça peut donc faire plus de deux heures qu’il n’a pas fait parler son personnage. Il se prend parfois des notes pour s’en rappeler, du genre : « la voix du hamburglar fâché ». Quand on écoute le podcast, la magie opère bel et bien et toutes ses voix sont cohérentes.

Le montage

Les monteur font une première version avec la narration, les « act-out » et un premier habillage sonore. Cette saison, les épisodes ont été montés par Lucie Fournaison, Alexandre Sarkis et Sasha Campeau. En tant que réalisateur, je fais un premier retour sur cette v1 pour y ajouter des effets sonores, peaufiner certains passages et m’assurer du rythme.

L’équipe des Pires moments (Odrée, François, Charles) écoute cette version 2 et se rencontre pour mettre en commun leurs suggestions. Je réécoute alors l’épisode avec leurs notes en tête et en y ajoutant de nouvelles idées. Chaque épisode est alors retravaillé.

Cette nouvelle version est écoutée en groupe. On se réunit dans les bureaux d’URBANIA (qui produit le podcast) où on écoute le tout en mangeant des jujubes. C’est l’occasion de discuter (parfois débattre) de certains changements en vue de la version finale, celle que vous entendrez.

La diffusion

On croirait que le travail est fini, mais non! C’est le moment de préparer la mise en ligne des épisodes. Plusieurs membres de l’équipe d’URBANIA mettent alors l’épaule à la roue. Ils créent l’identité visuelle de la saison (la vignette qui sera utilisée sur les plateformes de podcast et dans les autres déclinaisons). Un monteur prépare les « teaser » vidéo pour les médias sociaux. Il faut aussi exporter l’épisode en différent format pour qu’il puisse être aussi mis en ligne sur YouTube et ailleurs. C’est tout un travail d’organisation et de coordination mené par Mylène Fraser, la productrice du balado, qui tire toutes les ficelles de la logistique et s’assure qu’on arrive à temps pour livrer les épisodes finaux avant Noël. En gros, Mylène gère toute l’équipe, les calendriers, les budgets du début du projet jusqu’à sa livraison finale.

On produit aussi une version légèrement différente de chaque épisode pour la plateforme Ohdio. Pour ça, on doit refaire une ou deux séances d’enregistrement avec Charles pour réviser certains passages des épisodes qui contenaient trop d’anglicismes ou certaines blagues moins appropriées pour le public de Radio-Canada. Ce ne sont pas d’énormes changements, mais ça représente quand même beaucoup de travail.

Bref, vous penserez à nous tout cet amour qui a été mis dans les épisodes pendant que vous les bingez dans votre voiture en faisant d’interminables aller-retour dans vos familles durant le temps des fêtes. Joyeux Noël.

Tous les épisodes sont disponibles ici : https://urbania.ca/article/a-la-demande-generale-les-pires-moments-de-lhistoire-sont-retour

Ils sont aussi disponibles sur iTunes, Spotify, YouTube et toutes les autres plateformes de podcast.