2 vérités et 1 mensonge sur Amir Khadir
Qu’on m’amène Patrice Lécuyer et son faux décor de salon! Voici Des squelettes dans le placard spécial Amir Khadir.
Je tiens à me confier. Je ne comprends pas vraiment les règles de l’émission (et je doute que Patrice lui-même les comprenne). J’ai croisé Amir quelques fois en militant pour Québec Solidaire, mais il ne me reconnaitrait pas sur la rue.
Voici donc mes deux vérités et mon mensonge sur Amir Khadir :
- J’ai fait la tournée des bars avec Amir
C’était en 2008, j’étais allé militer pour son élection. Dans les faits, j’ai surtout attrapé le rhume en distribuant des tracts sous la pluie devant un Provigo – nous vaincrons!
Le soir, on a mangé une poutine à son local électoral avec d’autres militants. Puis, il est débarqué. Comme un coup de vent. En parlant fort. Chacun de ses mots prononcés comme si le sort du Québec allait se jouer ici, ce soir.
Il nous regarde – mon ami et moi – avez-vous 18 ans ? Eh… oui. Parfait! Ce soir je fais la tournée des bars sur Mont-Royal et j’ai besoin de vous pour m’accompagner.
Vous vous en doutez, on n’est pas allé se faire des shots de sambuka flambé. En chemin, on croise un itinérant. Amir lui donne de l’argent. Il en profite pour lui expliquer les travers du système capitaliste. L’itinérant, lui, pense qu’Amir est une vedette de tv, pis il est bien content.
On entre dans un premier bar. Amir fonce droit vers les piliers de taverne. Il leur explique comment Québec Solidaire c’est comme le 4e trio du Canadien, on ne le voit pas souvent à l’écran, mais il réussit parfois à marquer les points qui changent la game.
Puis, on visite un 2e bar, puis 3e, un 4e…
Amir aborde un homme. Celui-ci a une grosse bosse sur le bord de l’œil, de la grosseur d’une balle de golf. L’homme ne s’intéresse pas à la politique, mais Amir insiste. Là, c’est le médecin qui parle! Ce soir-là, vers 1h du matin, j’ai donc vu Amir ausculter un ivrogne sous l’éclairage d’une table de pool. Il a sorti un pad de médecin de sa poche de veston et a signé un papier à l’homme pour qu’il aille consulter un spécialiste le lendemain.
C’est ça, Amir Khadir. Toujours en train de régler le sort du monde.
- Amir a dormi dans mon auto
Lors d’une tournée régionale, Amir était venu à Trois-Rivières. Il est arrivé en se trainant les pieds. Brûler raide. Il n’avait pas dormi la veille et probablement pas celle d’avant non plus. Il est monté sur la scène du bar de l’UQTR devant une centaine d’étudiants et… il était en feu! Il a répondu à toutes leurs questions et a vendu une 15aine de cartes de membre « live » durant sa conférence.
Il sort de scène en répondant à son téléphone. S’ensuit une entrevue musclée avec Paul Arcand pendant qu’on marche vers ma voiture. Il raccroche tout juste avant d’embarquer. Combien de temps pour se rendre ? Qu’il demande. Environ 15 min… tout à Trois-Rivières est environ à 15 minutes. Génial! Amir ouvre la porte arrière de ma voiture et se couche.
J’ai démarré l’auto, Amir dormait déjà. On a roulé 15 minutes… Amir ronflait. À destination, je l’ai poussé doucement… eee, monsieur Khadir? Il se réveille et me demande à quelle heure est le rendez-vous. Dans 5 minutes, que je réponds. Parfait! Réveille-moi dans 5 minutes.
Puis, on entre chez Moisson Mauricie. Amir – qui bavait sur mon siège d’auto il y a environ 45 secondes – est en feu! On se fait accueillir par une dizaine d’employés de l’organisme communautaire, Amir ne leur dit pas bonjour. Il leur annonce plutôt « Si Québec Solidaire est élu, on va vous faire fermer ». Tout le monde est sous le choc. « Parce que si on est élu, on va s’assurer que tout le monde mange à sa faim »!
Ce qu’il y a de fou dans cette histoire, c’est qu’on n’était même pas en campagne électorale. Il n’y avait rien qui pressait. Mais Amir est comme ça, une machine de guerrie! Il transporte avec lui une aura d’urgence. Comme si on était toujours à quelques coups de pouvoir changer le sort du monde.
- J’ai vu Amir Khadir faire un micro-libre de poésie.
Chaque année, en marge du Festival international de la poésie de Trois-Rivières, il s’organise un OFF. On parle d’une centaine de personnes entassés dans une taverne pour entendre des textes. La soirée micro-libre permet à n’importe quel poète d’avoir une audience.
J’y ai entendu des poètes internationaux de passage à Trois-Rivières pour le festival. Une fois, un ancien du FLQ s’est lancé dans une interminable tirade sur la grève d’Asbestos… et on a dû l’expulser quand il a sorti son harmonica pour nous faire le rheel du piqueteur. Et un autre soir, j’ai entendu Amir Khadir.
Il a souvent lu publiquement des textes de Gérald Godin et d’autres poètes. Mais cette fois-là, il nous a fait son propre texte. Ça venait des tripes. C’était percutant, trash, un peu edgie. Malade!
Quand Amir ne sera plus député, il paraît qu’il prévoit publier un recueil aux Éditions de l’Écrou. Il envisagerait même de faire une tournée de poésie-performance à travers les salons du livre du Québec.
Et alors ? Quels sont mes deux vérités et mon mensonge ?
(C’est tu ça le jeu des Squelettes dans le Placard???)
2$ que le micro-libre de poésie est le mensonge. Mais ça serait son style pareil!